Clouée au sol, comme scratchée lors d'un envol ; arrachées mes ailes de papillons, je me suis ramassée sur le paillasson. J'ai perdu la raison, je me suis enfermée - dehors - sur le balcon. Je ne voyais plus très clair, je ne me sentais plus terre à terre. J'avais perdu mes clés, déjà, ça avait mal commencé. J'ai composé des idiomes, puis j'ai tout effacé de ma gomme. J'ai recommencé à gribouiller, j'ai raturé. C'était comme si rien n'avait jamais existé. In extremis, j'ai misé sur le dessin. J'ai inventé, j'ai coloré, ça aurait pu fonctionner. Mais j'ai tout brûlé. Alors, je me suis mise à marcher, marcher vite sans me retourner, sans regarder en arrière, sans aller de travers, pourtant ça ne marchait pas. Je me suis faite une raison, je ne savais pas pour quoi j'étais faite. J'ai à ce moment-là commencé à rêver, j'ai commencé alors à exister. Les rêves n'appartiennent à personne, mais personne n'est privé de pouvoir rêver. Je rêve à la démesure de mon désespoir de pouvoir un jour croire, croire en l'amour, croire au mot toujours. Jour après jour, je découvre que je suis pourvue d'un cou qui soulève ma tête pour voir plus haut que mes pieds, qui ne savent plus où me mener. Je mène une vie pas très saine, je suis en peine. Je traîne des pieds, je tords le cou, je m'entête et je bascule de partout. Tout est beau sur la Terre, mais trop souvent je m'enterre sous des idées reçues, et je e reçois plus les signes de bonté qui pourraient m'aider à regarder du bon pied. J'ai un pied à terre sympathique, mais je tique sur ce qui me fait mal, je suis maladroite et bancale. Marginalisée dans une marge annotée de réflexions illusoires, je cultive les déboires. J'ai bu la tasse plus d'une fois, et je froisse mon papier avant même qu'il ne soit achevé. J'ai tapissé mon intérieur de notes à penser comme des fausses notes sur la composition musicale de l'écolier qui aurait mal recopier. J'ai besoin de rêver, besoin de respirer, reste à inspirer et à expirer, à s'inspirer et à extirper. Mal dans mes souliers, mal adossée : c'est mal commencé pour l'écriture du rêve : faire une trêve dans le temps, se donner l'instant présent. Pressentiment, je suis pressée d'achever l'échec du tourment. Sans s'échouer, sans mentir, sans pâlir de réussir. Répéter la leçon, sortir un son, sonner la mesure.
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